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La Nouvelle Vague
21 janvier 2012

2) Les cinéastes et leur nouvelle vision du monde

2) Les cinéastes et leur nouvelle vision du monde

2) The filmmakers and their new view of the world


a) Cinéastes principaux

a) Main filmmakers


Jean-Luc Godard


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Né le 3 Décembre 1930 à Paris.
 Dans son introduction à une véritable histoire du cinéma, Godard déclare commencer une nouvelle vie tous les dix ans. De fait, on peut distinguer trois âges dans sa création audiovisuelle. De 1959 à 1968, Godard est paradoxalement à la fois un cinéphile et un réinventeur du cinéma. Il incarne alors le cinéma d’auteur dans des œuvres comme A bout de Souffle ou Pierrot le fou. Les années 1970, qui sont pour lui celles de la quarantaine, provoquent des remises en question fondamentales le menant d’abord à l’expérience du cinéma militant et des collectifs de réalisation ave Jean-Pierre Gorin au sein du groupe Dziga Vertov. Dans les années 1980, Godard semble avoir trouvé la maturité dans les œuvres qu’il signe désormais avec Anne-Marie Miéville. Mais son bouillonnement créatif lui donne aussi une dimension multimédia comme si, après avoir touché d’abord à l’expression quand il réalisait un cinéma élitaire pour 'happy few', il se posait maintenant en priorité des problèmes de communication. Car si l’auteur parle toujours de la vie, de la mort et de l’amour, il ne le fait qu’à partir de son questionnement sur le langage cinématographique. Un film de Godard rassemble toute la culture, l’art et la pensée contemporains, mais les médiatise par un regard caméra qui n’a rien à voir d’ailleurs avec un quelconque clin d’œil au spectateur. Godard s’adresse en direct : il ne demande pas la complicité du regardant, au contraire, l’implique au plus profond de lui-même en brisant constamment la fiction pour l’interpeller avec toute l’agressivité d’une technique prise à contre-pied. Pour Godard, le cinéma est le précipité de tous les autres moyens audiovisuels, eux-mêmes emblématiques de la parole et de l’écrit à l’écran. Emaillées à la fois de collages représentant la modernité, et de citations représentant le classicisme, les œuvres de Godard sont caractéristiques de la culture mosaïque que décrit Abraham Moles, faite de bribes de savoirs fichées en corps étrangers dans la structure narrative. Sa fidélité à un son synchrone souvent parasitaire pointe d’ailleurs avec insistance la notion communicationnelle de bruit que le mixage vient encore accuser tandis que l’autoréflexivité (chaque nouveau film est fait à partir des précédents) et l’intertextualité (références) de l’œuvre mettent en abyme les images et les discours.
Godard partage avec Bresson et Pialat une vision très pessimiste du monde, mais sans doute fallait-il toucher ainsi l’ignoble et le sordide pour atteindre le pathétique de certains rapports. L’auteur va en effet aux limites du descriptible, là où le mouvement s’inverse, toujours dans la complexité du réel. En effet, on ne trouvera jamais dans ses films d’amour sans haine, d’érotisme sans pornographie ou d’idéal sans mépris. Il aspire à nuancer les rapports dans toute leur profondeur et non à une vision superficielle et manichéenne. Ses personnages sont généralement des marginaux vivant au premier degré à l’inverse des intellectuels du cinéma français. Son goût du risque, son jusqu’au-boutisme d’écorché vif en font l’homme des ruptures et des contestations radicales. Mais si tout bouge chez Godard, son œuvre est toujours au présent : jamais de flash back, très peu d’enfants ou de vieillards dans un cinéma spatio-temporellement stable. L’incommunicabilité se traduit par le son, les cadrages aberrants, un récit linéaire et de constants glissements de mots. En prise directe avec tout l’art moderne par sa déconstruction et la pratique d’un montage mettant le travail cinématographique en exergue au lieu de le rendre transparent, l’œuvre de Godard refuse la réfraction de la technologie et le frein du professionnalisme qui font souvent du cinéma un moyen trop sage où l’expérimentation est évacuée.
On pet pourtant se demander ce que Godard représente effectivement aujourd’hui pour les nouvelles générations quand on constate que Pascal Ory dans son Entre-deux mai, histoire culturelle de la France entre mai 68 à mai 81, ne lui concède pas de grande place dans le cinéma. Sa dérangeante célébrité médiatique ne parvient pas, en somme, à conduire le public à ses films, et l’intérêt du théoricien ne suscite pas toujours l’amour de son œuvre.

 

François Truffaut


francois_truffaut


Né le 6 Février 1932 à Paris. Décédé le 28 Octobre 1984. Filmographie :
Une Visite (1954), Une histoire d’eau (1957), Les Mistons (1958), Les Quatre Cents Coups (1959), Tirez Sur Le Pianiste (1960), Jules et Jim (1962), L’amour à vingt ans (1962), La Peau Douce (1964), Fahrehneit 451 (1966), La Mariée était en noir (1968), Baisers Volés (1969), L’Enfant Sauvage (1970), Domicile Conjugal (1970), Les Deux Anglaises Et Le Continent (1971), Une belle fille comme moi (1972), La nuit américaine (1973), L’Histoire d’Adele H. (1975), L’argent de poche (1976), L’Homme qui aimait les femmes (1977), La chambre verte (1978), L’amour en fuite (1979), Le dernier métro (1980), La femme d’à côté (1981), Vivement Dimanche ! (1983).


Fils spirituel d’André Bazin, François Truffaut fut, avant de devenir cinéaste, un acerbe critique. C’est sûrement le plus populaire des cinéastes issus de la Nouvelle Vague. Il le doit à ce qu’il n’a jamais eu le ton incisif de Chabrol, ni l’intellectualisme de Godard. Son œuvre traite principalement de l’amour et des femmes, mais aussi dans une moindre mesure, de culture et de socialisation, comme dans l’Enfant Sauvage où il tient le rôle du médecin. Formant ce que l’on a coutume d’appeler le cycle Doinel, les premiers, non dépourvus d’éléments et de connotations autobiographiques, sont comme les différents épisodes d’un roman d’éducation. Après le Quatre Cents Coups, histoire d’une enfance difficile et semi-délinquante, Baisers Volés est en effet le récit de l’initiation sexuelle et amoureuse du même personnage, Jean-Pierre Léaud, dont les derniers films du cycle narreront les démêlés conjugaux.
 Mais plus que cette série qui reprend les structures narratives classiques, ce sont les adaptations de Jules et Jim et les Deux Anglaises et le Continent (romans d’Henri Roché) qui compteront parmi les plus originales créations de l’auteur. Jules et Jim est un drame comique situé dans le contexte socio-culturel du puritanisme dans lequel l’héroïne aime sans complexe deux hommes. Les Deux Anglaises et le Continent traite moins des avatars du couple que  de la difficulté d’aimer. Film charnière, il allie une grande valeur de représentation à une inédite intensité émotive.
En amont et en aval, François Truffaut a fait d’habiles peintures, soit du séducteur (L’homme qui aimait les femmes), soit de la passion frustrée (La mariée était en noir ; L’histoire d’Adele H.) qui sont l’un et l’autre indispensables à la compréhension de son univers d’artiste et de ses préoccupations d’homme.

 

Claude Chabrol


chabrol


Né le 24 Juin 1930 à Paris. 
Claude Chabrol est l’auteur d’une œuvre impressionnante. En effet, pendant 30 années, il réalisa un film par an. D’autant plus qu’on peut ajouter à cette œuvre une quinzaine de dramatiques télévisées et des spots publicitaires. Mais cette filmographie est particulièrement déroutante car l’itinéraire créatif de Chabrol est affecté de bien troublantes circonvolutions. Il a beau être le premier cinéaste de la Nouvelle Vague à tourner avec Le beau Serge en 1957, il est aussi le premier à connaître des échecs, d’abord comme producteur avec Rohmer puis comme réalisateur avec Ophélia, ce qui le détournera du cinéma au profit du commerce. Quand il revient avec sa série bourgeoise, La Femme Infidèle, de 1966 à 1973, on est en pleine époque mai 68. Or, son cinéma ne s’accorde pas avec la langue de bois du temps, pas plus qu’avec le courant social de la génération 70. Aussi, perd-il un peu pied, tente-t-il de prendre en marche le train de la nouvelle idéologie avec Nada en 1973, avant de replonger dans le pur commerce, se caricaturant dans les Folies Bourgeoises en 1975, ou se parodiant lui-même dans Les liens du sang en 1977. Le milieu des années quatre-vingt le remet brillamment dans les rangs avec ses deux Lavardin qui le réconcilient avec la critique tandis que le public reprend goût à ses fables. Ainsi, porté au pinacle aux débuts de la Nouvelle Vague, rabaissé aux premiers faux pas, traité même avec condescendance (« c’est du Chabrol »), il aurait plutôt tendance à faire aujourd’hui figure d’institution. La variation qualitative de son œuvre est en tout cas en parallèle avec celle de la santé du cinéma français : il est au plus bas au moment du reflux de la Nouvelle Vague et replonge à nouveau quand s’effondrent à la fin de la décennie les espoirs mis dans la génération 70. L’auteur possède de toute manière une intelligence pragmatique ; il a toujours su trouver les moyens de filmer et se retrouve parfois à réaliser des films nés des combinaisons les plus acrobatiques de la profession : utilisation des abris fiscaux au Canada pour Les liens du sang. Mais Chabrol est un des plus remarquables formalistes du cinéma français : entre le superbe mouvement accompagnant le plat que la servante apporte dans Ophélia et celui qui tire la philosophie de La femme infidèle en refermant le film sur son silence, on distingue tout le chemin séparant le brio totalement gratuit d’un langage qui fait sens et dont la maîtrise donne des chefs-d’œuvre comme La Muette. Ses intrigues présentent généralement un mécanisme et un élément qui vient le dérégler : qui l’emportera de l’élément perturbateur ou de la force du mécanisme ? Ce modèle s’adapte aussi bien au thriller qu’aux histoires hitchcockiennes et qu’aux descriptions balzaciennes, l’unité de l’œuvre se trouvant au niveau de cette structure permettant à Chabrol de se positionner par rapport à son univers pour en faire du cinéma. Il s’agit donc bien d’un auteur puisqu’il exprime explicitement un point de vue. Seulement, il ne se focalise pas sur son « moi » et s’intéresse à la société. C’est un esprit ouvert, libre, sarcastique, ne prenant rien au sérieux mais tout au tragique. C’est un moraliste faisant la critique de toutes les morales, au lieu de dispenser avec austérité la sienne. Mais sa vision négative de l’homme ne lui ôte pas la foi en la vie, sa position centrale entre commerce et recherche, entre Lautner et Godard, en faisant à la fois l’enfant chéri des cinéphiles et l’éternel rejeté des festivals de Cannes et Venise.

 

a) Autres protagonistes

b) Other filmmakers


Les pionniers

Innovaters

 

Alexandre Astruc

Né en 1923, romancier, journaliste, mathématicien, cinéaste, auteur du célèbre article "La caméra-stylo" et co-fondateur d'Objectif 49, il est un des précurseurs de la Nouvelle Vague. Dans ses premiers films, il fait preuve d'une époustouflante virtuosité technique et d'une grande ambition esthétique. Passe à la télévision en 1968, il tente d'y continuer son oeuvre sans céder aux concessions.

 

Robert Bresson

(1901-1999) Figure exemplaire pour les auteurs de la Nouvelle Vague, d'abord artiste peintre et photographe, puis scénariste et réalisateur d'un moyen métrage burlesque, il débute vraiment sous l'occupation et impose un style dépouillé, refusant bientôt l'emploi des comédiens professionnels et montrant une exigence absolue pour ne jamais s'éloigner de sa ligne créatrice.

 

Jean Cocteau

(1889-1963) Poète, romancier, peintre, dramaturge, chorégraphe, acteur et journaliste, il s'intéresse au cinéma et y prend le contre-pied de toutes les conventions. Prodigieux inventeurs de formes et magicien des lumières, il incarne à la fois l'esprit d'indépendance et la rigueur créatrice. Usant de sa notoriété, il protégera la naissante Nouvelle Vague avec brio.

 

Georges Franju

(1912-1987) Décorateur de théâtre, critique de cinéma, créateur de la Cinémathèque Française avec Henri Langlois, admirateur de Feuillade et des films muets de Fritz Lang, il devient l'un des plus originaux auteurs de courts métrages des années 50, avant de passer au long au moment où la Nouvelle Vague éclate.

 

Roger Leenhardt

(1903-1985) Philosophe, critique littéraire et cinématographique, homme de radio, cinéaste et co-fondateur du festival du film maudit de Biarritz, il est érudit et humaniste. Auteur de seulement deux longs métrages, il est un des parrains avoués de la Nouvelle Vague et apparaît d'ailleurs dans Une femme mariée de Godard où il joue son propre rôle.

 

Louis Malle

(1932-1995) Fils d'industriel, élève de l'IDHEC, puis assistant réalisateur de Robert Bresson et du commandant Cousteau, il est un des francs-tireurs qui annoncent l'arrivée de la Nouvelle Vague, puis montre sa curiosité en transposant à l'écran des romans subversifs ou audacieux (Queneau, Drieu la Rochelle, Darien) et en abordant des sujets tabous : l'inceste, la collaboration, la prostitution infantile. Capable de travailler pour Hollywood, il réalise aussi des documentaires très politiques.

 

Jean-Pierre Melville

(1917-1973) Cinéphile, soldat et résistant, il produit et réalise des films en dehors du système cinématographique. Père incontestable de la Nouvelle Vague, ce passioné de cinéma américain subit surtout l'influence de Jean Cocteau et se dote de ses propres moyens de production en se faisant construire ses studios.

 

Jean Renoir

(1894-1979) Fils d'Auguste Renoir, il s'oriente vers le métier de céramiste avant de s'essayer au cinéma. Son style est en rupture complète avec la production de toutes les époques qu'il traversera. Pour les auteurs de la Nouvelle Vague, il est l'exemple suprême.

 

Jean Rouch

Né en 1917, ethnographe et adepte du cinéma-vérité, plus poète que scientifique, amoureux de l'Afrique noire et grand agitateur d'idées, il justifie la position de certains des auteurs de la Nouvelle Vague en prouvant perméabilité des frontières entre la fiction et le documentaire.

 

Jacques Tati

(1908-1982) Clown de music-hall et grand sportif, comédien occasionnel, il cherche très tôt à inventer un personnage burlesque proche de  ceux du cinéma muet et réussit à l'imposer avec son premier long métrage. Indépendant, il l'abandonne aussitôt pour Monsieur Hulot et connaît un immense succès, tout en travaillant en marge du cinéma traditionnel. Une succession d'échecs financiers l'empêcheront de continuer son oeuvre. Admiré par la Nouvelle Vague, il en est l'un des plus discrets parrains.

 

Roger Vadim

(1928-2000) Comédien, journaliste et assistant de cinéma, les débuts de sa carrière sont liés à ceux de sa femme, Brigitte Bardot. Ses deux premiers films enthousiasment les futurs cinéastes de la Nouvelle Vague, mais ils se détournent vite de lui, déçus par le tournant pris par sa carrière. Il n'empêche qu'avec Louis Malle, il est un de ceux qui firent plier le système et préparent l'invasion d'un nouveau cinéma.

 

Le groupe Cahiers du Cinéma

The Cahiers du Cinéma's team


Jacques Rivette

Né en 1928, critique et rédacteur en chef aux Cahiers, érudit du septième art et inclassable expérimentateur.

 

Éric Rohmer

Né en 1920, enseignant, animateur de ciné-clubs, écrivain, Critique et rédacteur en chef aux Cahiers, auteur à la télévision scolaire, producteur et réalisateur.

 

Le groupe de la Rive Gauche

The Rive Gauche's team


Jacques Demy

(1931-1990) Études techniques de cinéma à Vaugirard, assistant de Grimault et Rouquier, il a su conjuguer Nouvelle Vague et comédie musicale.

 

Alain Resnais

Né en 1922, cinéaste amateur à 13 ans; fou de films, de romans populaires et de bandes-dessinées, il tente de devenir comédien puis s'oriente vers la réalisation de courts-métrages en 16mm, avant de s'imposer avec Hiroshima mon amour.

 

Agnès Varda

Née en 1928, photographe de plateau au TNP, elle tourne un essai en toute indépendance puis s'oriente vers le court métrage.

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